Ça y est, j’ai décidé de rentrer Définitivement au Maroc

Apres que Hasna Benoun nous a raconter son histoire sur son retour au Maroc (Casablanca) âpres plusieurs année vécue en France (Paris) voila Nadia nous raconte sa propre expérience âpres son retour au bled. Les Marocains résidant à Paris ont toujours dans leur réflexion quotidienne le souhait de retourner dans leur pays d'origine, le Maroc. Où qu'ils aillent, ils ne peuvent pas profiter de la vie à Paris sans penser aux bons moments qu'ils ont vécu dans leur pays natal. Pour les Casawi  Paris a toujours été ê leur deuxième maison. Beaucoup y vont pour finir leurs études ou pour travailler. Mais en fait, tout ce qu'ils font, ou quel que soit le succès qu'ils peuvent obtenir, au plus profond de leurs cœurs, la question est toujours la même. Suis-je prêt à retourner dans mon pays? Il est un fait que le Maroc est en constante croissance, l'économie est en pleine floraison et les droits civiques s'améliorent. Mais est-il facile de retouner au Maroc après avoir vécu et travaillé en France ou dans tout autre pays européen? Est-ce que vraiment le Maroc est-ce El Dorado pour lequel nombreux jeunes marocains quittent leur emploi et leur vie quotidienne en Europe ?

« Ça y est, j’ai décidé de rentrer Définitivement au Maroc, je lâche tout à Paris et je rentre, je m’en fou, on verra bien … » C’ est ce que tu t’es dis il y a un mois, un an, ou même plus. Tu t’étais dit que dès que tu auras ta nationalité Française tu rentreras au Maroc, mais t’as pas eu les couilles de passer 3 ans de plus à Paris. En plus, tous tes potes sont rentrés, alors … Tu es installé à Rabat ou à Casa. Tu bosses dans une multinationale, ou dans une banque … bref tu bosses dans une super boite avec un nom qui pète. Mais en fait, t’as un salaire de merde. Normal te diront les gens, « tu viens de rentrer … il faut bien commencer quelque part ». Oui, il faut bien commencer quelque part, mais toi, t’es impatient, parce que tu les as quand même payés la peau du cul tes études. Tu revois des gens que tu n’as pas vu depuis 5, 10 ou même 15 ans … et tu te rends compte que les gens évoluent vraiment différemment. Tu vis dans un pays en voie de développement… le smic est à 200 euros, et la moitié de la population ne sait ni lire ni écrire.

En rentrant au Maroc, tu te disais que tu allais devenir riche, que tu allais monter ta propre boite, genre LA boite de pub de l’année, ou que tu allais trouver LE truc, c’est vrai que tu es rentré avec des idées plein la tête et que tu étais l’optimiste incarné. Et en fait … NON, tu bosses pour un connard qui à à peine eu son bac et qui te traite comme de la merde parce que tu as été pistonné par la cousine du frère du mari de ta soeur.

Tu voulais passer par la grande porte, mais il parait que ça ne se passe pas comme ça ici … alors tu fais comme tout le monde. T’as envie de t’acheter un apart, un petit 100 m² pour commencer, mais tu te rends compte que le m² est à 20 000 balles. Alors tu te dis que tu vas attendre un peu … le temps que ça baisse, même si tu sais très bien que si tu n’achètes pas maintenant, tu vas te faire avoir.

Ta mère t’a filé sa caisse et ton père te paye le loyer. Tu fais toujours la même chose, et tu vois toujours le même monde. Même si au départ, t’étais super heureux de rentrer chez toi. Ben ouais, c’est ton pays quoi ! Et puis le soleil t’a manqué !!! Mais… t’en as marre de cette chaleur et l’hiver te manque !!! De temps en temps, tu te dis que tu voudrais bien aller faire une petite balade à Saint Michel, ou te faire un cinéma en anonyme. Mais tu ne sais pas quand est ce que tu vas retourner à Paris.

T’es célibataire, t’as 26 ans, et tu vis seule, la moitié de tes copines se sont mariées à l’âge de 22 ans et ont 3 gosses. Elles sont heureuses parce qu’elles n’ont connu que ça, mais toi, tu te dis que tu es une célibatante, une vraie femme avec un vrai boulot, que tu aspires à mieux .. Les mecs de ton âge ne sont pas encore rentrés de Paris et passent d’une minette de 18 à une minette de 20 ans. Ils passent leur week end en boite et attendent d’avoir 35 ans pour se caser. Ils veulent profiter de la vie !!! ah, si j’étais un homme … Et ici, c’est pareil … le mecs regardent la marque de ton sac avant de t’inviter à prendre un café.

Prendre un café, est devenu ton hobbie, il faut bien faire comme tout le monde. Et un jour, tu te demandes ce que tu fous là, pourquoi t’es rentré et surtout, est ce que tu peux repartir !!! Tu te sens parisien dans l’âme et dans le coeur. Mais tu es rentré, et … tu verras bien !!!

Apres que Hasna Benoun nous a raconter son histoire sur son retour au Maroc (Casablanca) âpres plusieurs année vécue en France (Paris) voila Nadia nous raconte sa propre expérience âpres son retour au bled.  

A mon retour au Maroc, je me suis rappelé pourquoi j'étais partie

Rentrer au Maroc après plusieurs années passées en France: je l'ai fait ! Passer le cap du dilemne rester / rentrer avec brillo, je l'ai fait! prendre la décision ferme et irrevocable de rejoindre la mère patrie et la mère poule que j'ai laissé derrière moi, je l'ai fait ! Abandonner une vie confortable et des habitudes bien ancrées, je l'ai fait ! il faut avouer que le timing choisi pour prendre cette décision semble avoir contribué à accélérer les choses: un soir de décembre glacial et un fond sonore dramatique: le bulletin d'informations de 20h où les mots qui tournent en boucle sont "l'Euro, la Grèce, le chômage, la crise, l'immigration ..."

Et me voici, pleine d'enthousiasme et de bonne volonté, après tout je ne fais que rentrer chez moi, là où je suis née et j'ai grandi, là où personne n'osera remettre en cause ma présence, là où le soleil brille tous les jours où les tomates ont du goût et où on a besoin de gens comme moi: qualifiés, expérimentés, dynamiques et pleins d'initiatives pour contribuer à la croissance et au développement du pays, n'est ce pas ? loin de toute prétention, je ne fais que reprendre des termes entendus dans un forum pour l'emploi, ciblant les étudiants marocains à l'étranger.

Mais alors que s'est-il passé? Pourquoi je n'ai plus envie de rester ? le soleil est au rdv tous les jours (malheureusement la sécheresse aussi), ma mère est toujours aussi poule même si je n'ai plus 16 ans, la ville où j'ai grandit n'a pas changé non plus ou peut être un peu mais en pire, les rues sont sales, anarchiques et surtout plus dangereuses ... soudain je me suis rappelé pourquoi j'étais partie ! A mon retour au Maroc, je me suis enfin rappelé pourquoi j'étais partie.

Oui, les rues sont dangereuses, je m'expose à différent types d'agressions à partir du moment où j'entreprends le projet téméraire de marcher dans la rue sans armure (voiture) sans escorte (masculine), et sans rançon (pièces de monnaie pour payer les marchands de chewing-gum, kleenex ou autre bidouille dont j'en ai pas besoin pour éviter de me faire insulter). et puis il y a des reflexes que j'ai dû adopter suite aux conseils de tout le monde: ne PAS repondre au téléphone quand ça sonne (ah bon!?!) ne PAS ouvrir la fenêtre de la voiture complètement quand quelqu'un nous aborde, ne PAS se retourner quand quelqu'un nous parle (ça pourrait être interprété comme une reponse positive à ses compliments indécents sur la forme de notre postérieur), et le pire ne PAS avoir recours à la police sans connaître un haut gradé !

Saviez-vous que la sécurité est le premier critère d'évaluation de ''L'indice du Bonheur Mondial''? c'est ainsi que la région la plus heureuse d'Europe est un petit village du nord du Danemark où on enregistre le plus faible taux d'agressions et où les habitants peuvent aller au travail sans fermer la porte de leurs maisons à clé. Je vous lance le défi mes chers compatriotes de faire la même chose le temps d'acheter un pain et revenir.

Je vous fait part ici du prolème de l'insécurité mais d'autres soucis n'en sont pas moins important: la circulation, la santé (osez vous casser une jambe pendant une randonnée loin de la ville et chronometrez !), une série d'angoisses me prennent à la gorge d'un seul coup et me font réfléchir sur ma capacité à re-vivre chez moi !

Selon mon amie Salma, qui prépare son doctorat en cultures et identités hybrides dans une université américaine, je suis certainement arrivée à la phase 2 du processus d'adaptation dans le cadre d'un choc culturel.. euh .. mais encore ? Elle m'envoie un article à lire pour vaquer à d'autres occupations plus interessantes que ma crise d'angoisse égo-centrico-narcissique.

L'article en question explique que le choc culturel se traduit par une anxiété de l’individu qui va perdre tous les signes et symboles familiers des rapports sociaux qu’il connait. Le processus d'adaptation est décrit en 4 phases: - La Lune de miel: Période d’enchantement, de curiosité et d’intérêt pour le nouveau pays. - Le Choc: La désillusion et la frustration causé par le déphasage culturel. - L'Adaptation: L'intégration, en acceptant son nouveau mode de vie (ou bien la renonciation le cas écheant) - La Maturité: La maîtrise totale des différences sociales et culturelles.

L'article encourage une meilleure compréhension de ces quatre temps pour permettre aux immigrants de mieux les apprivoiser et de les anticiper.

Ces éminents scientifiques ont bien dit "Immigrants" ?! Des personnes étrangères qui débarquent dans un nouveau pays qui doivent s'adapter à ses codes puisque ils ne peuvent PAS les changer. Mais je ne suis pas une immigrante chers messieurs, je suis une citoyenne, je suis née ici , je veux vivre ici , je suis une icicienne (dixit Debbouze).

Que faire ? s'acheter une armure (voiture) et un taser (électrocuteur)? abandonner définitivement le plaisir de marcher jusqu'à en oublier l'usage principal des jambes ? limiter ses sorties aux endroits blindés (morocco mall) ? Je refuse de croire que nous ne pouvons rien faire, je dis bien nous car il me semble que je ne suis pas la seule à souffrir de ce problème d'insécurité, sinon il n'y aurait pas eu trois files de stationnement devant les boulangeries. La plupart de mes amies m'on avoué qu'elles prenaient leur voiture pour le moindre déplacement parce qu'elle avaient ... peur !

La plus grande hypocrisie dans ces fameux forums où on nous miroitait un Maroc florissant et prêts à accueillir de jeunes cerveaux tous frais pour faire exploser sa croissance, c'est que nous manquons de visibilité sur le déroulement de notre vie quotidienne. Il aurait fallu organiser en parallèle des forums pour encourager la vie associative, les initiatives privées, l'effort personnel de chacun conjugué à des organisations collectives pour améliorer la vie sociale. Il aurait fallu nous inciter à soigner ce pays de ces maux qui nous empoisonneraient la vie si on y retourne, car "comme on fait son lit on se couche", ce pays est le nôtre, ses problèmes aussi et ses solutions encore plus.

Certains me diront que c'est le rôle de l'état d'assurer la sécurité de ses citoyens , c'est bien le gouvernement qui assure la cohésion sociale par le biais du système d'imposition sur les revenus et de redistribution des richesse ? Certes, mais nous savons tous que nous vivons dans un modèle d'état "Fantomas" plutôt qu'un état "Robin des bois" et en attendant que Robin trouve le moyen de prendre aux riches pour donner aux pauvres et résoudre tous les problèmes sociaux qui découlent de la misère et la précarité, c'est à nous d'agir si nous voulons vivre heureux et sereins dans ce pays. Car contrairement aux pays développés nous ne pouvons pas prétendre que ces délinquants sont le résultat d'une immigration mal encadrée,  ou que nous sommes victimes d'un exode sauvage de réfugiés ingrats, nous ne pouvons pas nous réfugier derrière ce type d'arguments car notre mal est une bactérie propre à notre corps et non un virus contracté par contagion. Nous devons affronter la dure réalité qui est que notre développement à deux vitesses (morocco mall /bidonville de sidi abderahmane) va nous porter préjudice à tous et nous devons agir pour réequilibrer notre société.

Les associations civiles qui agissent dans le domaine social ne manquent pas, les moyens oui ! Ces braves Aït Débrouillle et compagnie comme les a si bien nommé l'écrivain Fatima Mernissi veulent parer à l'absence de l'état dans plusieurs domaines et ils ont bien raison. Nous autres les "qualifiés" connaissons bien la planification stratégique et les perspectives à long terme. Chaque centime injecté dans les actions sociales est un investissement dont on percevra les bénéfices dans la pérennité, chaque enfant recueilli dans un centre d'accueil est la garantie de ne pas en retouver un dans la rue pour vendre du chewing-gum dans le meilleur des cas ou autre chose (drogue, sexe, baston & autres services criminels). Alors donnons de notre argent, c'est le plus facile de tous les dons, Dieu nous le rendra et le pays aussi.

Moi, je fais un rêve...Je rêve qu'un jour je marcherai 50 metres dans les rues de Casablanca sans être menacé par un voleur ou harcelé par un pervers sexuel, sans entendre un misérable enfant mendier ou bien un conducteur névrosé m'insulter,  je marcherai avec mes talons hauts sans trébucher dans un trou sur la chaussée ou un sac d'ordures, je fais ce rêve...Inshallah